Lionel Guibout
Partir sur la route pour ne plus revenir, se perdre sur les chemins. S’endormir contre un rocher, se réveiller et voir autrement. Lionel Guibout près d’un petit village de bord de mer: Gardur, m’envoie ces quelques mots:
… Juin 2012 - Je suis en Islande pour ne plus jamais revenir. Tel un sismographe je me mets à dessiner sur le motif, non pas d’après “nature”, mais “ contre nature”. Tout contre la nature, contre les rochers, sous le vent et les embruns, dans le varech, les fucus et les laminaires. Une fois encore mon arsenal artisanal fractal : d’eau, d’encre, de fusains et de pigments s’empare du microcosme Islandais et fait jaillir des frottis et des lavis une multitude de chevauchées échappées des sagas, des crêtes, des abîmes fumants, des volcans, des icebergs, et des grèves embrumées. Crépuscule sans relâche, éliophanie sans fin, Endless Iceland, Endless Landscape.
C’est amnistié par la cour suprême des dieux de l’Asgard et libéré sur parole, que je rapporte d’Islande 50m de dessins inachevé, un dessin sans fin qui a commencé aux fresh winds de Gardur…
Qu’ elle est la bonne distance face au sujet, face à l’autre ? Lionel Guibout explore l’inversion des points de vues. Le vaste et le lointain sont ramenés à une taille micro. Le proche est renvoyé à une taille de paysage.
Le papier de fibre sur ses 50m est déroulé in situ sur les rochers. Il enregistre les aspérités, tout ce que l’on ignore car trop près. L’empreinte par l’encre et le fusain à l’échelle 1 révèle des paysages dans leurs détails et leurs vibrations en une seule respiration, sans rupture. Ils sont icônes, témoins d’une vérité au-delà de la photographie.
De retour à l’atelier, les paysages, sortis de la mémoire sur des formats entre 15 et 30 cm, deviennent à la première lecture abstraits. Lionel Guibout nous invite par ces formats à l’intime, au dialogue, aux détails. L’oeuvre ne se partage plus, comme l’objet donné, posé au creux de la main. Là, dans cette intimité, l’oeuvre passe de l’abstraction au paysage. Elle reprend toute son ampleur issue de cette inspiration originale sous le vent.
De cette inversion entre le proche et le lointain, Lionel Guibout nous offre non seulement la force des paysages d’Islande mais aussi la vision d’un autrement. Se poser juste tout contre, regarder les détails, sortir du cliché des paysages intérieurs.
La fascination, l’émerveillement nous ouvre à nos emportements, sans limite.
On the road, of no return, getting lost on the paths. Fall asleep against a rock, wake up and see differently… Lionel Guibout near a small village by the sea : Gardur, sends me these few words :
"…June 2012 - I am in Iceland never to return. Like a seismograph I start drawing a pattern, not according to nature but against nature. Right against nature, against the rocks, in the wind and the sea sprays, in the kelp, fucus and laminarias. Once more my fractal craft arsenal : of water, ink, charcoals and pigments, seizes the icelandic microcosm. From washes and rubbings, spring a multitude of rides, escaped from sagas, ridges, steamy abysses, volcanos, icebergs, misty shores. Relentless twilight, endless eliophalie, endless Iceland, endless landscape.
Amnestied by the Supreme Court of the gods of Asgard and set free, I am bringing back from Iceland, an endless drawing, started at the Fresh Winds of Gardur…."
What is the correct distance to the subject, to the other one? Lionel Guibout explores the inversion of perspectives.Faraway immensity is reduce to a micro size; what is near becomes a landscape.
The fifty meters long paper is unrolled in situ on the rocks. It registers the roughness, all what is too closed to be noticed. The ink or charcoal prints reveal landscapes in their details and vibrations in one breath without interruption. They are icons, witnesses of a truth beyond photography.
Back at the studio, the landscapes out of memory on small formats, at first sight seem abstract.
Lionel Guibout is inviting us, through these intimate formats, to a dialogue, to details.Then, in this intimacy, the artwork changes from abstraction to a landscape. It takes its full extent after the original inspiration downwind.
Through this inversion between the near and the far, Lionel Guibout presents us the strength of Iceland's landscapes.
Facination, wonder carry us to our passion without limit.